Moi en moins
Publié le 15 mai 2018
J’avais laissé sur place cette partie de moi avec laquelle j’avais du mal à vivre.
Il ne restait plus que moi, face à moi, avec un peu de moi en moins.
Je me suis alors retrouvé déshabillé de cette colère qui, comme l’ombre de mes mots,
ponctuait chacun de mes propos d’une tonalité militante, parfois virulente.
Mes histoires de projets ont remplacés mes monologues intérieurs.
J’ai parlé, beaucoup, un peu trop peut-être.
Vite aussi, impatient de me sentir en connexion avec ce qui restait de moi.
Vivant, j’ai pu abandonner encore une autre partie de moi pour laisser un espace aux autres.
Moi en moins, j’ai laissé de la place pour écouter la vie de ceux que j’étais venu visiter.
Moi en moins, j’ai pu mettre cette distance nécessaire avec mon histoire pour mettre les leurs au premier plan.
Moi en moins, j’ai partagé leurs vies, intimement, sensiblement, et j’ai confié la mienne à leur bienveillance.
Échanges de confidences, de récits, de moments, en confiance, simplement, authentiquement.
Revenu en cette place où je m’étais laissé, en partie,
je n’ai pour le moment trouvé aucune trace de ce mal abandonné.
Sans doute suis-je encore sous la protection de leur bienveillance ?
Rompre l’isolement pour palier à la dérive et ne pas aller voir sous le lit s’il y a des monstres.
L’isolement et les monstres ont en commun cette capacité à prendre une place proportionnelle à l’importance qu’on leur accorde
et de disparaître avec les manifestations de bienveillance et d’amour.
Un peu de moi en moins, de la bienveillance et de l’amour en plus, tout va bien…
M.
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