Erreur conjugale
Publié le 17 avril 2018
Je me souviens de toi et de nos sentiments,
du temps où nos deux vies s’accordaient au présent,
une époque où l’avenir était une évidence,
où notre force était aussi nos différences.
Autant de dissemblances dans nos apparences,
de nuances dans nos vies et dans nos contenances.
Pourtant, spontanément, autant de résonnances,
par nos conversations, par nos correspondances.
Union circonstancielle, un peu comme un destin,
un choix qui s’imposait, volontaire, incertain.
Nos esprits s’accordant, nos corps se mélangeant,
nos vies se fusionnant tout en se construisant.
Je tenais pour acquis cette force d’union,
quand je nous ai poussé à la séparation,
trop de difficultés, trop de contrariétés,
trop dans l’instant présent, oubliant le passé.
Oubliant cet amour qui m’avait porté,
négligeant sa présence et sa nécessité.
Persuadé qu’il fallait passer à autre choses,
une femme pour excuse de ma métamorphose.
Aussitôt déclaré, aussitôt constaté,
c’était trop engagé pour pouvoir arrêter.
Trop de cœurs abimés par mes initiatives,
je me suis amputé de cette force vive.
Ton énergie vitale, celle qui nous soutenait,
elle qui fit notre enfant, celle que tu me donnais
Un projet de famille, histoire inachevée,
rupture circonstancielle, un peu comme annoncée.
Je tenais pour admis nos discutions intimes,
nos disputes fréquentes, nos jeux plus rarissimes.
Quotidien partagé, réveil à tes côtés,
cela était normal et aurait dû rester.
Je me souviens de ce sentiment d’unité,
plus jamais rencontré, plus jamais retrouvé.
Dissemblances comme rupture, nuances comme clivages,
depuis longtemps déjà, ma vie suit son naufrage.
Sensations bivalentes, preuves d’avoir vécu,
douloureuse mémoire d’un bonheur vaincu.
Je remercie la vie d’avoir pu y gouter,
gardant ce souvenir pour mon éternité.
Merci à toi d’avoir rendu cela possible,
de m’avoir épousé mon amour indicible.
Merci de m’avoir fait le père de ton enfant
et de m’avoir permis de devenir plus grand.
Pardon pour ces moments douloureux dont tu ne souhaitais pas.
Pardon pour mes dérives, mes égarements et mes faux pas.
Pardon de n’avoir pas été à la hauteur de mes promesses.
Pardon d’avoir mis si longtemps à écrire cette confesse.
Pardon encore, pour tout…
Avoir vécu, pouvoir le dire, se souvenir,
arrêter de chercher, arrêter de courir.
Regarder le passé mais sans y avoir mal,
ainsi je resterai ton erreur conjugale.
M.