Motivé

Samedi 24 novembre, 23h30.
Je rentrais d’un repas sympa entre amis.
Toute la soirée, la discussion n’a concerné pratiquement que le mouvement des gilets jaunes.
Nous avons bien évoqué à un moment la manif #NousToutes les violences sexistes et sexuelles ainsi que le cortège du Trocadéro à la mémoire de Maggy Biskupski mais rapidement, nous en revenions aux gilets jaunes. J’ai même essayé de parler de mes 4 heures de transport journalier, mais rien n’y a fait.
Donc, au volant de ma belle auto pour laquelle, à l’occasion de Black Friday, je m’étais offert un plein de carburant, je regagnais mon domicile de Montfermeil, à l’autre bout du département, juste avant le bout du monde et j’étais encore tout plein de ces histoires de manifestations en tête. C’est à cet instant que j’en ai vu un. 23h30 pile. J’ai regardé l’heure car il semblait bien qu’il se faisait tard.
Il était là, tout seul, sous la pluie. Il avait allumé les feux de détresse de sa voiture, sans doute comme il le fait pour être mieux vu quand il s’arrête à la boulangerie pour acheter son pain. Bien sûr, il avait mis son gilet jaune et il agitait vivement ses bras vers le haut.
Je me suis dit que symboliquement, cet acte de manifestation isolé n’avait pas forcément moins d’impact que lorsque cela est fait en nombre. C’est juste que malgré ses efforts, je pense qu’il manquait sérieusement de visibilité.
Alors en passant à sa hauteur, j’ai ralenti et je lui ai fait un like de soutien avec le pouce tout en lui souriant.
En d’autres temps, j’aurai peut-être arrêté mon véhicule, endossé mon gilet jaune et agité mes bras avec lui en signe de contestation, comme lui.
Ce soir-là, il faisait froid, il pleuvait, j’étais fatigué et le Vivaldi qui passait en fond sonore dans mon auto inspirait plutôt à aller se coucher.
C’est ce que j’ai fait une fois arriver chez moi tout en ayant une dernière pensée de soutien pour ce manifestant motivé.
…